Une voix claire dans la nuit éternelle // Pôle Mag N°8, Décembre 2010
par on décembre 22, 2010 dans Interviews

Ses admirateurs l’ont baptisée la Perle noire. Un surnom que ne laisse pas deviner son emploi de conseillère au Pôle emploi de Boucicaut. Pourtant, Angelina Tezanou est une star camerounaise de la chanson. Cette brune pétillante à la voix douce et mélodieuse est née avec un talent qu’elle n’a eu de cesse de cultiver. “La musique m’a toujours habitée. Je n’ai fait que renforcer un don inné”, explique-t-elle. C’est d’une telle évidence pour elle, qu’aucun obstacle ne peut la faire dévier de sa destinée.

A sept ans, elle quitte son pays pour la France. Au même moment, elle perd progressivement la vue. “Je m’en suis à peine rendue compte, lance-t-elle. J’étais trop occupée”. Car elle s’initie au piano, au violon et au chant au sein d’une école religieuse et puise dans ses ressources intérieures la force de persévérer dans sa voie. Puis, elle se met à la guitare, chante dans les cabarets parisiens dès dix-huit ans et fait des rencontres qui lui permettent d’enrichir son style et de percer sur la scène musicale.

Une Star dans son pays

Sa carrière solo débute en 1990 avec Poison, un album zouk qu’elle écrit et produit seule et pour lequel elle obtient un disque d’or. Devenue une star dans son pays, elle se produit dans les plus grandes salles. Les tournées se multiplient et elle croise les plus grands : Steevie Wonder, Gilbert Montagné… et même Jean-Paul II. “La musique me permet de me réaliser, de me sentir femme, mère, citoyenne, confie-t-elle. Ma cécité n’est qu’un détail. Je ne la vis pas comme un handicap. Le musicien branche sa guitare, j’attrape mon micro et nous sommes sur la même longueur d’onde”. Et quand on voit tout l’amour que lui donne le public, on ne peut que la croire. “Pour exister, les êtres humains ont besoin de reconnaissance sociale, analyse-t-elle. Malheureusement, la société moderne nous renvoie sans cesse notre handicap : transports inaccessibles, nouvelles technologies… Je ne baisse pas les bras. Je lutte contre les préjugés et pour le droit à la pleine citoyenneté des handicapés. Cependant,c’est encore en Afrique que je me sens le plus une personne à part entière”.

Musique couleur d’ébène

Ebénite, son dernier album sorti en 2007, fait revivre tous ses tubes aux rythmes reggae, makossa, zouk ou rap. Le titre de l’album vient de “ébène”, un terme qu’elle a choisi elle-même en référence à la musique noire, à sa couleur de peau chocolatée et à son style musical. Rendez-vous au New Morning pour l’applaudir en mars prochain.

POLE MAG N°8, DÉCEMBRE 2010, MARZENA ANTOLAK

©Angelina Tezanou. Tous droits réservés.