Angelina Tezanou – Chanteuse : “Les Africaines sont des perles”
par on juillet 25, 2011 dans Interviews

Arrivée en France à l’âge de sept ans, cette non-voyante impressionne. Titulaire d’un D.E.A de droit international obtenu à l’université de Paris I, juriste, créatrice de mode, auteur-compositrice, interprète, chanteuse, Angelina Tezanou – issue d’une famille d’artiste – vient de mettre sur le marché son best of qui comporte un CD et un DVD.

Comment expliquez-vous votre force qui vous briser tous les obstacles ?

Mon handicap ne m’empêche pas de faire quoi que ce soit. Je suis Angelina Tezanou avec tout ce qui me caractérise et puis, même si j’ai vécu un incident qui fait que je ne vois pas, ce n’est pas ce qui me détermine. C’est pour cela que m’en parle pas. Ce qui fait ma personnalité, c’est le fait d’être africaine, artiste, intellectuelle et aussi d’être une femme.

Depuis quand avez-vous commencé la musique ?

Issue d’une famille de musiciens, j’ai commencé la musique toute petite. Quand je suis arrivée en France, j’ai eu de la chance d’être envoyée dans un internat où j’ai pu apprendre la musique : le piano, le violon. Je chantais beaucoup dans les chorales. A 10 ans, j’ai sorti un album de musique de musique religieuse avec les enfants de mon école. Ensuite quand je suis devenue adolescente je me suis initie à la guitare parce que j’avais envie de chanter de la variété. J’ai une formation classique à la base et étant chez bonnes sœurs, j’écoutais la radio, il y avait très peu de loisirs. J’aimais la lecture et la musique. Jeune étudiante, j’i découvert le Zouk. J’ai commencé à intégrer les groupes antillais en tant que pianiste, puis j’ai chanté de la variété française et anglaise dans les cabarets pour financer mes études de droit, puis j’ai rencontré les « GIRLS ». Elles m’ont engagée comme guitariste chanteuse et nous avons sorti un album en 1989 et en 90, j’ai décidé de faire une carrière solo en sortant mon premier album intitulé « POISON ». Aujourd’hui j’ai quatre albums à mon actif. Je me laisse du temps pour faire d’autres activités.

Vous venez de mettre sur le marché parisien votre best of cela était-il indispensable ?

Cette sortie était effectivement indispensable car j’ai effectué un revirement à 190° dans le genre musical. Mon public avait du mal à suivre. Ce best of me permet de faire un point sur l’ensemble de ma carrière et de satisfaire mon public qui était demandeur. A travers ce best of, je voulais dire aux mélomanes que j’adore l’Afro-Zouk. J’arrive à toucher le cœur des jeunes avec des musiques modernes et des textes percutants.

Vous apportez une aide appréciable aux non-voyants en France.

Etant juriste à la base, j’ai travaillé dans des cabinets que j’ai quitté parce que le côté social manquait. J’ai travaillé dans une structure pour aider des personnes qui venaient de perdre la vue à se restructurer. Je leur apprenais le braille et les techniques d’orientation, à marcher avec la canne. C’était très intéressant, j’arrivais à leur faire accepter leur cécité. Nous faisions des ateliers de lectures, et leur faisait découvrir la musique et la danse africaine pour qu’ils puissent se retrouver dans leur corps. J’ai passé un concours administratif pour travailler au pôle emploi et aujourd’hui, je suis dans l’orientation professionnelle. J’aide les demandeurs d’emploi à retrouver du travail ou une formation et, de l’autre côté, je suis avec les entreprises qui souhaitent passer des offres et leurs trouver des candidats, je fais de la présélection pour les entreprises et à mi-temps de la musique dans ma propre structure « ANGEL MUSIQUE ».

 

Amina n°471 2009 par Ahmed TOURE

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